[ANNULÉ] Florence Burgat

Contre l’idée commune suivant laquelle le langage, dont seraient privés les animaux, définit la conscience et la psyché, Florence Burgat propose de penser une psychologie authentiquement animale, à l’aune de la phénoménologie.

Au soir d’une vie consacrée à l’exploration de la psyché humaine, Freud écrit : « Ce schéma général d’un appareil psychique est valable aussi pour les animaux supérieurs […]. Il convient d’admettre l’existence d’un surmoi partout où […] l’être a dû subir, dans son enfance, une assez longue dépendance. » (Abrégé de psychanalyse, écrit en 1938)
Pourquoi en arrive-t-il à constater l’existence d’un appareil psychique, c’est-à-dire de conflits psychiques, chez les animaux supérieurs ? Parce que sa conception du psychisme se libère d’emblée d’un cadre strictement anthropologique qui soumettrait, par exemple, l’existence de l’inconscient à la structure du langage. Son double recours à l’ontogenèse (l’histoire de l’individu) et à la phylogenèse (histoire de l’évolution) pour comprendre la psyché en convainc. Si Freud extrapole sa thèse de l’appareil psychique de l’homme aux animaux qui lui ressemblent, ce n’est donc en rien par anthropomorphisme.

Les animaux, par exemple, rêvent, développent des pathologies psychologiques lorsqu’on les sépare trop de leur mère, éprouvent la tendresse et l’attachement. Ce constat d’un inconscient animal est aujourd’hui abondamment étayé par l’éthologie et la psychiatrie vétérinaire.

Florence Burgat est philosophe, directeur de recherche à l’INRAE, affectée aux Archives Husserl (ENS Paris). Elle travaille sur la condition animale, notamment sous un angle phénoménologique. Elle est entre autres l’auteur de L’Humanité carnivore (Seuil, 2017) et de Qu’est-ce qu’une plante ? (Seuil, 2020).